Les plages d'Agnès : entre intimité et pudeur

Publié le par marine

"Si on ouvrait les gens, on trouverait des paysages.

Moi, si on m’ouvrait, on trouverait des plages.” Agnès Varda


A 80 ans, Agnès Varda porte toujours un regard aiguisé sur la vie et les vagabondages de sa mémoire conservent l’empreinte d’un imaginaire toujours en verve. Sur la plage, des miroirs plantés dans le sable, reflets du passé et du présent, images démultipliées à l’infini de la mémoire. Pour son film autobiographique, « Les plages d’Agnès », la cinéaste a choisi le fil conducteur des plages qui avaient marqué sa vie, une belle métaphore pour une mémoire dont le temps tel un océan, en remodèle sans cesse les images, en adoucit les contours, en modifie les scénarii.


Les plages de Noirmoutier, et spécialement celle de La Guérinière, vastes et familières, celles de la mer du Nord, de la Méditerranée, « La plage de Sète, celle de mon adolescence », du Pacifique « A Los Angeles, les plages de Venice et de Santa Monica, on les a connues, Jacques et moi, à chacun de nos séjours. Elles ont été nos décors de vie et de films », mais aussi celle de la rue Daguerre dans le 14e arrondissement à Paris, improvisée pour la circonstance sur laquelle l’équipe du tournage a accepté de « jouer ».

Une vie que tout ramène à un homme, Jacques Demy, le grand amour, le compagnon « le plus chéri des morts ». Le film garde une grande délicatesse à son égard.  Mais dame Agnès n’a pas l’âme nostalgique bien au contraire et son univers n’a rien d’un musée poussiéreux. Et c’est la une grande réussite du film qui aborde le passé par le prisme de la fantaisie et de la poésie. Et l’ombre des femmes et des hommes disparus y est légère, auréolée de lumière : Jean Vilar, Gérard Philippe, Jim Morrison, ….. « Parler des absents comme s’ils étaient là. »


« Parler de moi a pris un sens quand mon but a été de trouver une forme, une cinécriture pour faire un film de ce fouillis qui émerge sporadiquement de ma mémoire. C’est clairement un collage qui s’est mis en place lentement, le temps qu’il faut pour compléter un puzzle, pour qu’à la fin, une figure ou un paysage se compose ou se brouille en kaleidoscope. »


La voix d’Agnès enjouée, malicieuse, omniprésente, raconte et c’est un vrai bonheur, un mélange savoureux d’humour et d’amour de la vie. Et quelle élégance, quelle générosité, quelle simplicité. Entre pudeur et intimité, un équilibre sur le fil des émotions qui jamais ne versent dans la complaisance ou l’auto-célébration. Un accord parfait avec son existence, où le regret affleure à peine que la vitalité  déjoue sans cesse.


Agnès Varda, la grande dame de « 80 balais », la cinéaste, la photographe nous offre une magnifique balade vivifiante, magique, enchanteresse, sur ses plages.


« Les plages d’Agnès » : débarquement immédiat….

Interviews, extraits du film :

http://www.dailymotion.com/video/x7oqh8_itw-agns-varda-les-plages-dagns_shortfilms



http://www.dailymotion.com/video/x7iznt_les-plages-dagnes-un-film-de-varda_shortfilms

Publié dans arc en ciel

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